Portrait #1 – Sébastien JARDEL
Président de l’Echiquier Club Montalbanais (2018-2024)

TES DEBUTS ET LA DECOUVERTE DES ECHECS
Comment as-tu découvert les échecs ? À quel âge ?
A 7 ans avec mon oncle pour découvrir les règles mais c’est surtout à 13 ans que j’ai commencé à apprendre au collège à la pause déjeuner grâce à une activité dédiée aux échecs.
Qui t’a initié ou donné envie de jouer ?
Personne en particulier, c’est ma curiosité qui m’a poussé vers les échecs.
Quel est ton premier souvenir marquant lié aux échecs ?
Le premier tournoi interne du collège que j’ai gagné sans vraiment savoir jouer en battant des jeunes qui faisaient déjà de la compétition. Je me suis alors dit que c’était peut-être fait pour moi…
Qu’est-ce qui t’a tout de suite plu dans ce jeu ?
Le renouvellement permanant de la position, le potentiel combinatoire quasi-infini, le côté ludique et bien sûr : gagner des parties !

As-tu pratiqué d’autres jeux de stratégie ou sports avant/en parallèle ?
J’étais un joueur de foot et dès l’adolescence, la recherche de l’équilibre entre activités physique et « cérébral » s’est imposée comme une évidence.
LE JOUEUR D’ECHECS
Comment décrirais-tu ton style de jeu ?
Joueur positionnel solide parfois mis à mal par 17 ans sans pratiquer.
Quelle est ta phase de jeu préférée et pourquoi ?
La finale est la phase qui me plaît le plus. Elle met en évidence une belle contradiction : moins il y a de pièces sur l’échiquier, plus c’est difficile à jouer…
Il est dit que pour apprendre à bien jouer aux échecs, il faut commencer par les finales (autre contradiction).
Et c’est naturellement la phase de jeu où j’ai le plus à progresser. Et comme il est communément admis : il faut travailler ses points faibles, pas ses points forts !

Quelle est ta pièce préférée sur l’échiquier et pourquoi ?
Le pion, car il peut être amené à jouer n’importe quel rôle notamment… en finale !
Sa marche est irréversible, la structure de pions définit presque tout type de jeu, elle donne le ton de la partie.
Qui sont tes joueurs d’échecs préférés et pourquoi t’inspirent-ils ?
Fischer et Carlsen.
Fischer pour le côté fantasque, tragique et historique. A l’époque, la suprématie aux échecs se jouait entre les Etats-Unis et les soviétiques en pleine guerre froide. Et Fischer est arrivé comme une étoile filante et a dévasté toute l’équipe soviétique à lui seul, un vrai génie des échecs.
Carlsen pour tout ce qu’il a apporté aux échecs modernes et pour son investissement dans les échecs 960 ou encore random chess qui a été proposé par un certain… Bobby Fischer. La boucle est bouclée.
Carlsen montre via le random chess qu’il maîtrise le jeu mieux que quiconque aujourd’hui, peu importe l’ouverture, il sent, il comprend le jeu comme personne. Un autre génie des échecs.
Quelle est, selon toi, ta plus grande force aux échecs ? Ta plus grande faiblesse ?
L’envie. Le manque de temps de jeu.
Comment te prépares-tu avant une partie importante ou un tournoi ?
Je révise quelques ouvertures pour ne pas être pris au dépourvu, je fais quelques exercices tactiques la semaine précédant une partie afin de travailler des automatismes puis si mon emploi du temps le permet, je travaille des finales ou des notions stratégiques.
Quel est ton meilleur souvenir de partie ou de tournoi ?
Mon premier tournoi avec l’échiquier sarladais que j’ai gagné alors que j’étais le seul enfant (14ans). Avec le recul, le niveau devait être sacrément faible mais j’étais très fier de moi !
Raconte-nous une partie difficile ou une défaite dont tu as beaucoup appris.
Chaque défaite est difficile et me remémore la citation de Fischer :
« J’aime le moment où je sens que je brise l’ego de mon adversaire. »
Pour les parties difficiles, la satisfaction qu’on peut en tirer c’est lorsqu’on arrive à grapiller une victoire ou une nulle improbable comme la technique de la dame folle ou la tour folle régulièrement pratiquée à l’échiquier club montalbanais.
Cela enseigne une notion fondamentale : la résilience !
Quel matériel utilises-tu pour progresser ?
Livres + lichess ! Je fait partie d’une génération qui a commencé les échecs avant internet. Le livre est essentiel pour se donner le temps d’apprendre doucement, de privilégier le qualitatif et de tourner le dos quelques instants à la frénésie du clic en ligne qui génère du quantitatif de piètre qualité.
Lichess parce qu’il y a tout ! French tech inside ! A but non lucratif !
LE CLUB ET LA COMMUNAUTE
Quand et pourquoi as-tu rejoint notre club d’échecs ?
Après 17 ans sans jouer et avec la découverte du jeu en ligne, je me suis aperçu que pousser du bois me manquait. La confrontation physique et psychologique face à un adversaire, c’est un sentiment extraordinaire quand on est compétiteur.

Qu’est-ce que tu apprécies le plus dans ce club ?
Les personnes : depuis 2017, j’ai appris à connaître les montalbanais dans toutes leurs diversités et moi qui ne suis pourtant pas porté vers le « social », je me suis fait prendre à apprécier les membres du club.
L’ambiance bien sûr.
L’action des bénévoles, toujours plus nombreux depuis 8 ans qui font vivre l’échiquier club montalbanais.
Quel est ton meilleur souvenir vécu au sein du club ?
Notre montée en N3. Nous avons un vrai esprit d’équipe pour ce sport vu comme une activité individuelle. Au-delà d’une simple partie d’échecs, mes meilleurs souvenirs s’inscrivent dans un cadre collectif où l’on construit quelque chose ensemble.
C’est ce qui ressort aujourd’hui de mon expérience au sein de l’échiquier club montalbanais : un collectif !
Quel rôle le club joue-t-il dans ta pratique des échecs ?
Un rôle fédérateur. Il fédère les membres autour de leur passion commune et communique/partage cette passion à d’autres.
Une telle dynamique ne peut que nous donner envie d’être partie prenante.
Participes-tu aux compétitions par équipe ? Qu’est-ce que cela t’apporte ?
Oui : de la joie, de la peine. C’est un peu comme la vie et on en redemande !
As-tu un rôle particulier au sein du club ? Si oui, parle-nous-en.
J’ai eu l’honneur d’avoir été le président de l’échiquier club montalbanais pendant 6 ans : de septembre 2018 à septembre 2024.
J’ai toujours ressenti beaucoup de confiance de la part de l’ensemble des adhérents et j’ai simplement essayer de leur retourner cette confiance à la hauteur de ce que je pouvais faire.
Ce fût une véritable aventure humaine. Mais comme toute chose à une fin, j’ai cédé ma place et j’en tire deux principales satisfactions :
- Avoir partagé mon enthousiasme et créé une dynamique dans cette association d’ordinaire si calme.
- Avoir su céder ma place au bon moment et aux bonnes personnes qui font et vont continuer à faire bien mieux que ce que j’ai pu faire.
Mais comme toute chose à une fin (x2), je quitte l’association à la fin de cette saison 2024/2025, non pas par lassitude mais parce que je quitte la région et c’est bien la seule chose qui pouvait me faire renoncer à ma participation au sein de cette association que j’affectionne tant.
LES ECHECS ET LA VIE PERSONNELLE
Quelle place occupent les échecs dans ta vie quotidienne/hebdomadaire ?
Il ne se passe presque pas un jour sans que je fasse une petite partie sur lichess ou bien que je suive l’actualité des compétitions locales, nationales, internationales.
Il ne se passe pas une semaine sans qu’une de mes filles me sollicite pour une petite partie d’échecs.
Il ne se passe pas un mois sans que je reprenne un de mes livre de chevet pour compulser au moins une page.
Le jeu d’échecs est très présent dans ma vie sans qu’il soit pour autant envahissant. Il contribue à l’équilibre général !

Qu’est-ce que la pratique des échecs t’apporte en dehors de l’échiquier (concentration, patience, logique, gestion du stress…) ?
Confiance, anticipation, discernement, prise de décision et tout ce qui a pu être cité dans la question.
Les parallèles avec la vie personnelle et professionnelle sont nombreux.
Lorsqu’on joue aux échecs, on évalue une position, on élabore un plan et on l’exécute (en l’adaptant si nécessaire). C’est ce que l’on fait (ou ce que l’on devrait faire) dans la vie de tous les jours lors de chacun de nos choix.
Les échecs sont une chance pour apprendre à bien raisonner dans la vie.
Comment concilies-tu les échecs avec tes études, ton travail, ta vie de famille ?
Travaillant à mon compte et avec 3 jeunes enfants, les échecs ont une place assez réduite à cet instant de ma vie. Mais voyons le bon côté des choses : cela évite la lassitude et permet d’y revenir à chaque fois avec encore plus d’enthousiasme !
Quels sont tes autres centres d’intérêt ou passions ?
Le sport, notamment les sports d’endurance comme la course à pied/trail, le vélo.
Que pensent tes proches de ta passion pour les échecs ?
Il y a à peu près autant d’avis que d’individus. Entre indifférence et admiration, il y a les moqueurs, ceux qui aimeraient jouer mais qui ne s’en donneront jamais la peine, il y a les champions du monde (ceux qui pensent qu’on peut bouger deux pions d’une seule case simultanément à l’ouverture), ceux qui pensent que c’est trop compliqué pour eux (certains ont raison), ceux qui préfèrent Fornite comme jeu de stratégie, les amateurs de bridge qui croient leur discipline bien plus difficile d’accès par pur plaisir élitiste, les joueurs de Go qui n’en pensent pas moins, ceux qui en ont carrément rien à faire et bien sûr… il y a mes filles qui veulent faire une partie juste pour être avec leur Papa.
Alors rien que pour elles, il a toujours un échiquier pas loin pour partager un moment ensemble.
ASPIRATIONS ET CONSEILS
Quels sont tes objectifs aux échecs à court terme ? À long terme ?
Trouver un club ! Ne pas arrêter les échecs (jamais plus) !
Des objectifs à la fois simples et compliqués. L’avenir nous le dira.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui débute aux échecs ?
Inscris toi à l’échiquier club montalbanais tu verras, c’est sympa !
Puis :
- Ne crois pas que c’est trop difficile pour toi.
- Ecoute les conseils.
- Apprends à jouer doucement avant d’essayer de jouer vite.
- N’abandonne jamais le jeu d’échecs.
Quel conseil donnerais-tu à un joueur qui souhaite progresser ?
Rejoins un club
Etudie avec des livres : Ouverture / Tactique / Stratégie / Finale (dans le désordre)
Joue le maximum de tournoi.
Ne passe pas trop de temps à jouer en lignes (mais joue quand même, il faut que ça reste ludique !).
Si tu pouvais jouer une partie contre n’importe qui, qui choisirais-tu et pourquoi ?
Fischer/Kasparov parce que les livres sur leurs parties ont ponctué mon apprentissage pendant mon adolescence.
QUESTIONS BONUS

Plutôt blitz ou parties longues ? Partie longue !
Jouer les Blancs ou les Noirs ? Je te laisse choisir !
Ton livre d’échecs préféré ? Le Manuel des Finales de Dvoretsky
Un film sur les échecs que tu recommandes ? Face à Face avec Christophe Lambert. Un navet (comme tout les films de Christophe Lambert) mais sorti en 92 alors que j’avais 10ans. Une sorte de Madelaine de Proust.
Les échecs en un mot ? Passion